Finance

Énigme de finance N° 07

Question : Vous occupez depuis peu le poste de conseiller municipal en charges des finances d’une mairie au Cameroun. Le sujet brûlant d’actualité est le licenciement prévu de 1000 agents communaux sur les cinq (05) prochaines années. En effet, la mairie doit trouver près de 3 Mds FCFA en cumul sur les cinq (05) prochaines années afin de financer la digitalisation de ses services.

Le nouveau maire soutient cette mesure en arguant qu’il est nécessaire que la mairie réduise ses frais de fonctionnement tout en s’assurant que son budget annuel soit à l’équilibre coûte que coûte, plutôt que d’endetter la mairie.

Malheureusement, plusieurs membres de votre famille sont employés comme agents communaux. Ce serait un véritable coup dur pour votre famille s’ils venaient à perdre leur emploi. Sachant que la mairie emprunte à un taux de 5% et prête au taux de 2%, quelle proposition pourriez-vous faire pour que le moins d’emplois possibles soient supprimés à brève échéance ?

Une des solutions consisterait à emprunter le montant nécessaire au financement sur une maturité longue : on retiendra ici 35 ans. Ainsi, on lissera les licenciements d’agents communaux sur le long terme et pour un nombre qui représente le double de celui envisagé initialement par le maire, soit près de 2 000 fermetures de postes.
En premier, déterminons le montant à emprunter. La question à se poser pour le faire est de savoir combien il faudrait disposer aujourd’hui dans un compte bancaire qui verse du 2% par an pour assurer le financement des travaux sur les cinq (05) ans ?

Montant à emprunter = 600 000 000 / 2% x [1 – (1 + 2%) ^ (-5)] = 2,8 Mds FCFA.

Pour ce montant de dette, l’entreprise aura à verser des annuités égales :

Annuités = 2,8 Mds x 5% / (1 – (1 + 5%) ^ (-35)) ≈ 173 Millions FCFA

Pour assurer le paiement de ces annuités, la mairie devra licencier 58 agents communaux par an sur 35 ans et non plus 200 sur 5 ans.

La solution est avantageuse sur un plan social et politique. En effet, en réduisant le nombre de licenciements par an, on repartit dans le temps les effets de cette politique sur la population. Au terme du mandat de 5 ans du maire, 290 fermetures de postes auront eu lieu, soit moins que ce qui avait été prévu au terme de la deuxième année de son mandat.

Si par ailleurs, la mairie pouvait emprunter et prêter au même taux de 2%, le nombre de licenciements par an passerait de 58 agents à 38 agents par an.

Moralité : les taux d’intérêt ne sont pas simplement une affaire de banquiers !