Concession PPP,  Finance,  Financement de projet,  Rentabilité

Énigme de finance N° 15

Question : Vous êtes le directeur financier d’une société de projet concessionnaire d’une autoroute dans le Nord du Cameroun. La concession de cette autoroute a été attribuée en 2007 pour 30 ans par le gouvernement camerounais après sa construction dont les coûts se sont élevés à 10 Mds FCFA. Cet investissement a été financé à 80% par de la dette bancaire et pour le solde par capitaux propres.

Après 18 ans d’activité, les actionnaires ont perçu au cumul près de 4,5 Mds FCFA de dividendes pour un montant moyen de 250 millions FCFA par an. Il faut noter que l’activité de l’entreprise dégage en moyenne des flux de trésorerie disponibles après frais financiers de l’ordre de 450 millions FCFA par an et que le solde de son endettement net s’élève à 4,4 Mds FCFA

Vous apprenez récemment que le gouvernement prévoit de nationaliser la société de projet pour laquelle vous travaillez. Il prévoit par ailleurs de le faire sans verser d’indemnité sous le prétexte que les dividendes perçus couvrent pour l’investissement de départ et sa rémunération normale qui est de l’ordre de 7% en moyenne sur la période considérée.

L’argument du gouvernement vous semble-t-il justifié ?

Comme justification à son choix de ne pas indemniser la société de projet dans le cas d’une nationalisation, le gouvernement considère que :

  • L’investissement initial a été couvert par les dividendes perçus sur la période. En effet, pour un investissement de 2 milliards FCFA, les actionnaires ont perçus en cumul 4,5 milliards FCFA. Cette somme représente en cumul plus de 2x l’investissement de départ.
  • La rentabilité dégagée par l’investissement est au moins égale à la rentabilité normale attendue pour ce type d’investissement, soit 7% par an. Ce point se vérifie en calculant le TRI de cet investissement qui est de 10,39% sur un horizon de 18 ans. Si la nationalisation ne devait pas avoir lieu et que l’essentiel des flux des 12 prochaines années soit consacrée au remboursement de la dette avec un superdividendes final de 1 milliard FCFA versé aux actionnaires, ceux-ci auront dégagés une rentabilité sur l’investissement de 10,77%. On voit donc non seulement que la rentabilité dégagée excède les 7% considéré comme normal mais également que le supplément de rentabilité obtenue par ceux-ci en maintenant la concession est plutôt marginale.