Énigme de finance N° 08
Question : Il y a deux (02) ans l’entreprise A a émis, une obligation pour un montant de 10 000 000 FCFA avec un taux coupon de 5% sur une maturité de 20 ans et remboursable au pair. L’obligation cote actuellement au pair.
Après une décision de la Banque Centrale de rehausser son taux directeur, vous constatez sur les marchés une hausse des taux sur des émissions obligataires de mêmes caractéristiques en termes de risque et de maturité que la vôtre, hausse de l’ordre de 5%. En tant que directeur financier, quelles mesures prendriez-vous pour gérer votre bilan de manière optimale ?
L’obligation cotant au pair avant la hausse du taux directeur de la Banque Centrale ordonné, la valeur de la dette était de 10 Millions FCFA. Suite à cette décision du banquier central, la dette ne cotera plus qu’un peu moins de 5,9 Millions. En tant que directeur financier, on pourrait être tenté de racheter l’obligation sur les marchés. Ainsi, au lieu d’être endetté de 10 Millions FCFA, on ne serait plus endetté que 5,9 Millions, soit un « gain » de 4,1 Millions de FCFA.
Notre lecteur notera que nous avons mis les guillemets à gain et ce n’est pas pour rien. En effet, s’il y a gain, c’est un gain comptable et non pas sur un plan financier. Pour preuve, les normes IFRS 9 prévoient dans un tel cas de figure et sous certaines conditions, de constater une plus-value qui gonflera le résultat de l’entreprise et de fait, ses capitaux propres.
Cependant, l’opération de rachat de l’obligation à sa valeur de marché n’a aucun intérêt dans une logique purement financière puisque le gain comptable réalisé sur le remboursement du principal sera compensé parfaitement par la hausse des charges d’intérêt à régler dans le futur. Ainsi, plutôt que de payer des intérêts de 500 000 FCFA, l’entreprise devra régler des intérêts pour 589 929,39 FCFA. Cela se voit d’autant mieux si au lieu d’un remboursement in fine de la dette, on avait un remboursement par annuités constante. En rachetant la dette à sa valeur (5,9 millions), on aurait à payer la même annuité qu’avant la révision des taux d’intérêt.
Nous le voyons donc clairement : l’avantage d’une telle opération n’est que comptable. Le directeur financier désireux de présenter un bilan plus reluisant, sera tenté de réaliser une telle opération qui permettra de générer un profit supplémentaire sur la réduction du principal à rembourser aujourd’hui, quitte à présenter des résultats plus faibles dans le futur du fait de la hausse des charges financières. Mais vu que le lendemain prendra soin de lui-même, le risque de tomber en tentation est grand.